Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Météorologie

    Mardi 13Mars  après midi, sur un des sites régionaux de l'Entreprise, le climat social est brulant, Le Grand Patron et sa Directrice des Ressources Humaines sont descendus de Paris pour une réunion exceptionnelle, on est pas loin des "noms d'oiseaux".

    Jeudi 15, après midi, en région parisienne, au siège de l'Entreprise, réunion de négociations. On discute, à la pause, avec la DRH,  du climat de vacances qui règne sur Paris, 25 degrés le 15 Mars, c'est inhabituel!

    Je lui glisse malicieusement: "Vous avez vu, chez nous aussi, Mardi, il faisait drolement beau aussi!

    - Mouais, me répond elle , on a pas bien profité du beau temps!!!!!

  • Voir un ami pleurer

    C’est Brel qui tourne ce matin dans le casque, j’aime le Grand Jacques, autant que l’immense Georges, l’autre Grand Jacques , Higelin, celui là,est aussi une icône, feu Bashung et Souchon sont aussi des pointures, le petit Aznavour est un très Grand ,que dire de Nougaro …….. C’est fou comme les génies ne s’appellent pas Cloclo !

     Mais revenons à Brel, j’écoute en ce moment « Voir un ami pleurer », c’est le genre de chanson qui te paralyse, tu poses les gants de vaisselle, tu lâches l’accélérateur, de peur d’être arrivé avant la fin du titre. J’ai beau connaître très bien la chanson, chaque fois je tends l’oreille à cet instant précis : « Ni l’élégance d’être Nègre » ; en 2012, Brel serait interdit d’antenne ! 

  • Galerie critique

    Le Club Photo prépare comme chaque année son exposition annuelle. Cette année, pour le centenaire de sa naissance , on a décidé de prendre pour thême, "A la manière de Doisneau". Chacun a amené une sélection des travaux qu'il à réalisé afin de choisir les tirages dignes d'exposition. Parmi nous, Bernard. Bernard est un homme qui attire autour de lui bien des sympathies; avec sa barbe de Pêre Noel et un humour dont il ne se départit quasiment jamais, il fait partie de ces gens qu'on a toujours plaisir à croiser.

    Ce soir, il est arrivé avec une sélection de 47 images, pas toutes exposables, il le dit lui même, mais il y a des choses sympas. Ca, pour des choses sympas! Il faut reconnaitre qu'il a l'oeil affuté,Bernard,le sens des trognes et des dégaines marrantes. De ce type à la démarche hilarante, avec son short et ses sandales à chaussettes, à ces mémères en bikini,on sourit, on rigole, on couine parfois comme des bossus. Au milieu de tout ça, quelques tirages bien plus touchants, plus émouvants. Il y a de l'humain dans les photos de Bernard, et on aime ça. Pour certaines des photos, il a visé juste, Bernard! Sur le thême de Doisneau, il est plein cadre! Je suis en retard pour ma photo, elle est prise, mais elle n'est pas encore traitée, je n'aurai pas 47 images à montrer.

  • Bout du rouleau

    Nous avons tous notre madeleine de Proust, c’est quasi nécessaire, obligatoire ! J’ai le bonheur d’en avoir deux, au moins, en cherchant bien, je suis sur d’en trouver d’autres !

    Ma première madeleine, c’est l’odeur de la torréfaction du café, j’ai passé une partie de mon enfance auprès de l’usine des établissements Boca, tous les matins, vers 11h00, on  grillait les précieux grains, les séquelles sont inévitables !

     

    Ma deuxième madeleine est venue bien plus tard ; j’avais une vingtaine d’années quand mon parcours professionnel et radiophonique, oui, j’ai un physique de radio, quand mon parcours donc m’a amené à sévir sur une FM dont les locaux étaient situés au dessus de l’imprimerie d’un journal hebdomadaire régional, également propriétaire de la station de radio.

    Chaque semaine donc, je descendais d’un étage pour glaner quelques informations nécessaires à mes émissions. Le bonheur s’emparait alors de moi, la chaleur qui régnait  à la rotative, l’odeur du papier, couplée  à celle de l’encre fraiche, les odeurs mécaniques, cela ne me laissait pas indifférent.

     

    Le temps, et mes différentes pérégrinations m’ont amené, des années après, à travailler beaucoup plus près de la bête, pas comme imprimeur certes, ma légendaire maladresse m’y aurait fait perdre un doigt, ou pire, un bras peu après ma prise de fonction, je me retrouvais  donc au service expédition du journal. Je côtoyais donc les bobiniers et les rotativistes, la chaleur et le brouhaha terrible de la « Creusot Loire ».

     

    Il existe deux types d’imprimerie, l’imprimerie de labeur et l’imprimerie de presse. Quel que soit le type, le métier est pénible, difficile : chaleur constante, bruit, charges lourdes (la ½ tonne d’un rouleau de papier journal est à cet égard éloquente), quelques visiteurs de la rotative y ont vu du Zola ! D’autant plus qu’une rotative, ce n’est pas une photocopieuse ou une imprimante multifonctions ! Pour imprimer un journal, il faut cajoler le monstre, le régler minutieusement, respecter la tension du papier, le mouillage, la pate d’encre doit se diluer correctement. Après plusieurs centaines d’exemplaires gâchés,  le journal est « bon à tirer », mais il faut encore être vigilant, le moindre petit grain de sable peut gripper la machine, la casse assurée : un bourrage papier, un blanchet abimé et c’est une heure, deux heures de perdues, mais on reste jusqu’au bout, le canard doit sortir à tout prix, et dans les temps !

     

    Le journal est un musée, la rotative est une vieille dame, ici pas de procédés informatisés, les hommes courent et grimpent, c’est une épreuve physique ! A l’expédition, on suit le rythme de la bête, on court aussi, les sacs postaux doivent être fermés au plus vite, ne pas faire attendre les transporteurs, les maisons de la presse doivent être livrées dans les plus brefs délais et……. Ca casse !!!!!!!!

     

    Ce n’est qu’un changement de bobine, pas grave, dans 5, 10 minutes maximum ça redémarre.

    Et on galope de nouveau, il fait 36° les t shirts collent à la peau, on court, on glisse, en serrant un peu fort un nœud, je me coupe un doigt avec cette put…. ! de ficelle plastique, je ne m’arrête pas, on a presque fini….. L’emballeuse s’est emballée, l’emballeuse à journaux bien sur, elle n’a jamais fonctionné correctement. On termine les enveloppes des abonnés  au ruban adhésif, les transporteurs s’impatientent, parfois, ils nous aident, on a perdu encore 20 minutes !

     

    Ces couacs, ces dysfonctionnements des machines, tout le monde les connait, la rotative est une vieille dame et la direction du journal ne veut pas réparer, uniquement des bouts de  ficelle, de toute façon, disent il, dit ELLE, on va vendre bientôt ! Ses salariés sont des voleurs et des pillards, a-t-ELLE hurlé récemment dans les couloirs.

     

     

    On a fini ce soir avec seulement 3/4 d’heures de retard, on a fait au mieux ! Avant de partir, la douche est salutaire, ça sent bon l’encre fraiche mais, mélangé à la sueur, aux odeurs mécaniques, ça pique  les yeux ! On a perdu du temps, mais le journal est sorti, on râle, on peste, mais le travail est fait !Une fois encore, La Direction n’a pas jugé utile d’être avec nous jusqu’au bout…………

     

    C’était prévu, le titre a été vendu, le constat est imparable, les machines sont à bout, il y a trop de frais à engager pour poursuivre la fabrication sur place.A partir de la deuxième semaine d’Avril,  le journal local sera maintenant imprimé loin, très loin d’ici, dans l’Yonne, une imprimerie moderne ou les ouvriers sont derrière des écrans, en blouse blanche, où on ne court presque pas.

    Les ouvriers d’ici, de cette machine à l’ancienne,  ont donné de leur sueur, de leurs corps, tout ça, ça vous esquinte le dos, les oreilles , la peau et parfois même le cerveau !

     

    C’est la panne inattendue d’une des machines les plus récentes de l’imprimerie qui aura raison de la Bête avec une semaine d’avance.

     L’Imprimerie de la Rue de Sully s’est éteinte en cette toute fin de Mars

    Qu’elle repose en paix.

  • Préméditation

    Ca ne pouvait plus durer, ça n’allait plus durer, plus possible, plus tenable, elle allait devoir sévir. Pourtant, elle l’avait aimé, passionnément, éperdument, lui aussi l’avait aimée, c’était sur ; Il n’y aurait pas eu toute cette tendresse, tout cet amour, toutes ces caresses, s’il ne l’avait pas aimée. L’amour, l’énorme amour, ne dure pas plus de 3 ans, dit l’adage. Foutaises ! Depuis plus de 15 ans qu’ils étaient mariés, et il y avait eu 6 ans de vie commune auparavant, depuis toutes ces années, ils avaient vu  tous leurs amis  se séparer, divorcer, se déchirer  mais eux, non, rien n’avait changé, les copains les jalousaient, gentiment, les adoraient même, on était si bien accueillis chez eux, la tonnelle ombragée attenante à la maison avait accueilli tellement de fous rires, d’apéros et de longues soirées d’été dont on ressortait parfois bien grisés :

    « Allez, disaient ils, vous allez bien rester dormir ici ce soir, de toutes façons, la chambre d’amis est prête ! Et puis, Sylvain, tu as peut être un peu trop apprécié ma poire pour reprendre le volant, on est samedi soir, plutôt Dimanche matin, il y a des bleus partout avec des alcootests, restez donc dormir ! Demain matin, j’irai chercher les croissants, et puis tiens, Sophie, depuis le temps que je te dis que j’ai du mal à installer ce foutu logiciel de photos, ce sera l’occasion…… » Impossible de refuser je vous dis !

    Toutes ces années de bonheur, plus de 20 ans maintenant, mais que se passait il ? Pourtant rien ne semblait  changé. Régulièrement encore, comme aux premiers jours, il lui offrait des fleurs, des bouquins, il y a 3 jours encore, il revenait avec un paquet de moka de Harrar, le café de Rimbaud. Elle aimait tellement ça, l’odeur de la mouture fraîche, la saveur tellement unique du grain qui n’avait pas subi les outrages des broyeurs industriels. Le bonheur semblait s’écouler  paisible encore et pourtant……..

     Depuis bientôt un  an qu’il avait pris de nouvelles responsabilités dans son entreprise, il rentrait de plus en plus souvent un peu plus tard, un peu TROP tard ? A part cela, elle n’avait rien constaté d’autre, pas d’ignobles cheveux blonds sur ses vêtements, pas de parfums putassiers, rien, rien, mais le doute. Elle ne lui avait pas fait les poches, pas écouté a son insu sa messagerie de portable, juste de temps en temps épiait elle ses boites mail, c’était facile, les codes d’accès collés sur un Post it en bas de l’écran de l’ordi facilitaient la tâche, et là encore,  rien, rien. Ils faisaient autant l’amour qu’avant, et toujours aussi bien, tout allait pour le mieux, mais le doute, le doute qui te bouffe, te déchire et t'assaille......

     

    Elle s’était renseignée, documentée, Google, Wikipédia, l’Affaire Marie Besnard,, la Marquise de Brinvilliers, la Voisin, les insecticides, la strychnine, la  mort- aux rats, l’arsenic, le  « Tue taupes 10 ». Elle avait mélangé, dosé savamment, pilé les comprimés dans le mortier en acier brossé qu’elle avait acheté tout exprès et qu’il avait trouvé très joli, très sobre, comme il aimait.

    En relisant, par hasard,  «  Les Chroniques de la Haine Ordinaire » de Pierres Desproges, elle avait défini la date : « Quant au mois de Mars…. Il ne passera pas l’hiver ». Elle avait distillé, dosé savamment, minutieusement, la drogue qui éteindrait  celui qu’elle pensait odieux, éteindrait elle le  doute ?

     

    Ce soir s’achevait Mars, sa vie ne tenait plus qu’à un fil, Poison d’Avril.