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  • Réveil brutal

     

    Le réveil est brutal, soudain, inhabituel, rien ne le justifie : pas de besoin impérieux de me lever. Je me recompte, j’ai bien mes deux pieds, mes deux mains mes deux jambes…… juste une sensation, une oppression bizarre, il est 3 heures du matin et c’est le silence absolu qui règne dans la pièce qui me permet de comprendre : la machine qui m’aide à mieux vivre mes nuits de sommeil vient de mourir ! Une fois encore, l’humain l’emporte sur la machine.

     

  • Entendu à la Machine à Café

     

    - Schlick

     

    - Cling !

     

    « Et Merde »

     

    -Schlick

     

    - Cling, cling ,cling,cling,cling !

     

    - BRRRRRRRRRRRRRRRR

     

    - BZZZZZZZZZZZZZZZZZ

     

    - Beeeeeeeep

     

  • Burkinabé

    Une personne qui m'est proche a séjourné pendant quelques semaines  au Burkina Faso. Mais attention, pas à Ouagadougou, capitale du pays dont le nom amuse tant les enfants, qui rèveraient d'un pays imaginaire où Ouagadougou serait au bord du Titicaca tout près de Knokke le Zoutte, non, disais je donc, pas à Ouagadougou mais dans le village le plus opposé à la capitale, près de Banfora je crois, le fond du fond de la civilisation. ce qu'elle avait été faire là bas? Rendre visite à des amis humanitaires exilés volontaires, et surtout changer d'air, quitter quelques temps nos civilisations européennes toutes emplies d'air conditionné et de crédit à la consommation. Pleine d'attention comme elle sait l'être, elle avait choisi d'offrir à son retour, et à chacun de ses proches, un souvenir de là bas. Mais là, malheureusement, foin de boutiques de souvenirs, zéro boule à neige, et pour cause, même pas de camelots noirs comme on en voit sur les marchés européens ou au pied de la Tour Eiffel, c'est un comble! Tenace cependant, la voyageuse infatigable a dégoté, dans le boui-boui le plus proche de sa case, un lot de savons locaux, pur produit du pays. Ca fait quelques temps que j'observe le mien, toujours emballé dans son papier translucide orangé, il ressemble aux rustiques savons de Marseille à l'ancienne que l'on trouve par chez nous. L'étiquette artisanale vante les mérites désinfectants du produit, et évoque quelques ingrédients aux noms exotiques.

    Ce matin, au moment de passer sous la douche, ma savonnette est devenue si petite que je me vois obligé de la remplacer par une nouvelle, toute neuve et fraiche. C'est toujours déchirant de me séparer d'un objet qui a, un temps, partagé mon intimité, je suis un grand sentimental!

    Au moment de choisir le nouveau savon, mon oeil glisse sur le souvenir africain, je jette mon dévolu sur lui, un peu d'exotisme dans ce monde de brute ne peut pas faire de mal!

     

    Désinfectant qu'ils ont dit! L'effet est confondant,l'odeur qui se dégage de l'objet une fois mouillé doit débarasser effectivement de tout: voisins de bus, collègues de travail, nuisibles ou pas, fiancée, amis..... Je glisse de nouveau l'objet du délit dans son emballage orangé et ouvre un nouveau Dove.

    On ne se débarasse pas si facilement d'un cadeau souvenir! Surtout quand il est offert avec coeur!

  • Petit Oiseau

    La gamine est devant moi,  furieuse, un peu incompréhensive, elle a cet œil noir que je lui connais bien, d’ado contrariée dont les conviction idéalistes viennent soudainement d’être bousculées :

    « C’est que d’l’humour, je lui dis, prends du recul !

     Je sais que ça va passer, mais il va falloir ré expliquer, ramer mais bon………..

     Elle me connaît depuis toujours, je la connais depuis 16 ans, elle a 16 ans, pas ma gamine, non, mais on a toujours été proches, pas ma famille, mais presque. Fille d’amis proches, à qui l’on aime rendre service, je lui ai servi de baby-sitter, quand il le fallait, de « je te récupère à l’école, ta mère a une réunion », de confident, souvent, quand des soucis, des rêves, des colères, dont elle n'osait s'ouvrir  à ses parents, avaient besoin de l’œil d’un adulte, de son approbation…….. Ou pas !

     

    Elle a toujours aimé mon « décalage », ma façon, un peu différente de voir les  choses, tout ça avec l’accord absolu de ses parents qui m’ont bombardé officiellement un jour « Precepteur en perversion », j’adore le titre !

     

    A 6 ans, à peine, je lui ais fait découvrir « La folle histoire de l’Espace », de Mel Brooks, elle a regardé, rembobiné, tordu, usé la bande vidéo, la K7 repose maintenant en paix, on a trouvé le DVD, ouf ! Je lui ais fait découvrir Desproges, la bataille de boudins blancs avec Prévost, l’interview de Sagan, Le Réquisitoire contre Le Pen suivi du kamikaze plaidoyer de Rego, qui raconte la journée d’un nazi la petite séquence de « 30 Millions d’Amis » ou Pierre Desproges découvre, sur un plat recouvert d’une cloche, un lapin vivant et gueule : « c’est pas cuit là ! ». Elle adore Monsieur Fraize, que je lui ai fait découvrir, cet être bizarre, elle kiffe grave ! Musicalement, c’est autre chose, Higelin la gonfle, elle préfère Izia, elle adore le rap d’aujourd’hui, je préfère « Grandmaster Flash »

     

    Elle a débarqué chez moi en début début d’après midi, coup de sonnette : « Ouais, c’est moi, j’ai un prof absent, tu m’offres un café ? ».

     

    Le café, un goût partagé avec la peste, elle sait qu’a la maison elle trouvera toujours un expresso frais, grain broyé à la minute, j’ai un « Papouasie Nouvelle Guinée » qu’elle ne connaît pas, c’est l’occasion, sans sucre, avec un spéculoos…….   On discute, un peu, tout va bien pour elle en ce moment, de bonnes notes à l’école, son petit copain est toujours super, elle a bien aimé « Omnibus », l’autre jour sur mon blog, jeu de mots à 2 euros, qu’elle m’a dit, mais ça l’a amusée.

     

    Le café est terminé, j’ai une bricole un peu urgente à terminer sur l’ordi, un montage son qui me donne un peu de fil à retordre, elle furette çà et là dans ma bibliothèque, amoncellement de bouquins, de revues, de journaux dans lequel je suis le seul à me repérer. Une étagère cependant échappe à cette anarchie, derrière deux portes vitrées s’ouvre mon « Paradis », ensemble d’ouvrages que j’aime par-dessus tout et que j’aime avoir, immédiatement à portée de main sans avoir à les chercher. Il y a là tout Desproges, évidemment, tout Tolkien, assurément, du théâtre, un peu, la pièce « Bataille dans le Noir », de Topor, que je monterai un jour, c’est promis, du Ribes, du Yanne, il y a même, de chez Castor Astral, « Un oursin dans la main », recueil de poésie de Francis Blanche, émouvant et hilarant, il y a « Le Dictionnaire du Diable » de Bierce, unjonathan Livingstone le goéland, bref, tous mes trésors à moi. Il y a même quelques bouquins que je possède en deux exemplaires, pour pouvoir en prêter, en donner un s’il le faut, en gardant pour moi un « original ».

     

    Je suis en plein mixage, je me doute sans la voir qu’elle a plongé directement sa curiosité dans mon nirvana littéraire, j’imagine ses doigts effleurant mes bouquins et…………

    La gamine est devant moi,un peu  furieuse, un peu incompréhensive, elle a cet œil noir que je lui connais bien, d’ado contrariée dont les conviction idéalistes viennent soudainement d’être bousculées :

    « C’est que d’l’humour, je lui dis immédiatement, prends du recul !

     

    Entre ses mains, un petit bouquin, des éditions du Seuil, Collection Points n° 375.

    Je reconnais le livre, la  photo de couverture je la connais par cœur, je comprends dans l’instant, le livre c’est « Chroniques de la Haine Ordinaire » de Desproges, la gamine est outrée : « Comment j’ai pu aimer ce type, me dit elle, comment a-t-il pu me faire rire ! C’est inimaginable ! Je suis trop dégoûtée !!! »

     

    Sur la photo de couv’ la trogne de Desproges, souriant. Il tient entre ses doigts un poussin…….. ….. Sanguinolent !!! C’est trop pour une ado !

     

    « Assieds toi, je lui dis, je te refais un café, avec un spéculoos!

    C 'est du second degré, je vais t’expliquer. »

     

  • Tubes

    J'ai un truc bien à moi pour établir la qualité des chansons que j'écoute ou que je possède dans mon incommensurable discothèque. J'ai piqué le principe, il y a des années de cela, à une émission d'été de feue France Inter, le décès de la dite station étant survenue à l'arrivée des fossoyeurs de liberté que sont Val et Hees, créateurs d'un des plus grands numéros de transformistes au monde, dont même Arturo Brachetti est jaloux: malgré tous les assistants qui le secondent depuis plus de 20ans, il n'a jamais réussi un tel double retournement de veste!

    Mais revenons à notre émission,revenons à mes chansons. L'animateur de l'émission hebdomadaire avait pris pour jeu de lire, comme de grandes poésies, les textes des grands tubes du Top 50! Le résultat était souvent hilarant!

    J'ai depuis repris l'idée, et je trouve important de l'illustrer par 2 exemples:

     

    "Ils parlent de la mort. Comme tu parles d'un fruit.

    Ils regardent la mer. Comme tu regardes un puit."

    Lisez le; déclamez le à voix haute! Vous y etes! Deuxième exemple:


    C'est la danse des canards
    Qui en sortant de la mare
    Se secouent le bas des reins
    Et font coin-coin

    Vous saisissez l'idée?