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Calamités Quotidiennes - Page 258

  • Et modeste avec ça

    La commune de Pocé sur Cisse, en Touraine, est un village où il fait bon vivre ; rattachée au vignoble de Touraine, elle compte sur ses terres de nombreux châteaux dont celui de Fourchette, c’est dire si la gastronomie a son importance par là bas, demeure possédée depuis une trentaine d’années par un véritable Lord anglais répondant au nom, plutôt connu, de Mick Jagger.

    Michael Philip Jagger s’est donc entiché, il y a un peu plus de trois dizaines d’années de cette batisse où il ne vient, selon ses dires, pas assez souvent.

    L’accueil que lui réservent d’ailleurs les habitants du cru est plutôt cordial, la Star poussant même le « vice » à s’exprimer la plupart du temps dans la langue de Molière lorsqu’il est sur ses terres, faisant de lui un des rares sujets de la Reine Elizabeth la deuxième à avoir cette courtoisie.

     

    On raconte qu’il y a quelques années, le chanteur des Rolling Stones prit envie d’embellir le parc du château d’une fontaine d’agrément. Il fit donc appel, pour l’occasion, à une paysagiste du cru, femme jugée un peu originale selon certaines mauvaises langues du village.

    Recevant donc la dame à l’heure du thé, on mit donc en place le projet de bassin. Au cours de la conservation, dans un souci sans doute de savoir vivre, et peut être aussi pour avoir la certitude d’être rémunérée pour son œuvre,  la petite dame, déjà âgée , demanda alors à son hôte son métier :

     

    « Chanteur, répondit il

    -         Et Vous en vivez ?

    -         Je ne me plains pas »,

     

     

    Répondit alors Jagger dans un sourire qu’on imagine malicieux. Si c’est cela que l’on appelle le flegme britannique, je suis preneur.

  • Le Chef

    Je l’ai croisé tout à l’heure au Supermarché. Un moment que je ne l’avais pas vu. Il avait quitté l’Entreprise il y a quelques mois, très discrètement, comme bien souvent les gens qui quittent l’Entreprise. Pas de faute à son actif, non c’était plus complexe que ça.

     

    Il avait été nommé Chef d’Equipe quelques mois auparavant. Mais, comme Il avait un certain sens des valeurs, il avait accepté le poste dans l’espoir de faire progresser ses collègues avec une certaine éthique, une certaine correction. Avec le temps, les méthodes de management mises en place par la Direction lui avaient paru insensées, insupportables, on l’avait alors vu dépérir, maigrir et se fermer. Il avait alors, difficilement pu négocier son départ de la Boite.

     

    C’est un autre gaillard que j’ai eu face à moi ce matin. Il a repris une carrure acceptable, on se serre une main ferme, il a un large sourire.

    Lorsque je lui demande des nouvelles, il me répond simplement, heureux et presque hilare :

    «  Je revis ! »

     

    Qu’ajouter de plus………

     

     

     

     

     

     

  • Peur du manque

    J’ai toujours quelques billets d’avance, billets littéraires s’entend, il me semble important de le préciser, ne souhaitant pas être sollicité par quelque lecteur plus fauché que moi, ce qui relèverait d’un exploit……..

     

    Quelques billets d’avance par peur du manque, manque d’inspiration, manque de temps, peur de ne pouvoir, un jour, nourrir quotidiennement mes Calamités. De nature peu jalouse, j’envie cependant de plus en plus les gens qui ne sont pas, ou plus, soumis à la dictature de l’heure.

     

    J’ai, aujourd’hui, un peu de temps devant moi, je viens de ressortir le petit carnet de Moleskine qui me sert à compiler mes idées, mes bouts de mots, mes morceaux de phrase.

     

    Le moment est venu pour moi, ce matin, de mettre en ordre ce petit fatras , de synthétiser tout cela, et puis, un texte en appelant un autre, l’inspiration venant, pourquoi ne pas ajouter quelques « gibiers » à mon tableau de chasse.

     

    Je viens de faire chauffer l’eau pour préparer le délicat mais rude Tarry Souchong, 3 minutes d’infusion sinon c’est trop dur, j’ai allumé l’ordinateur, paramétré la luminosité de l’écran, j’ai glissé, dans la platine, Michel Camilo, qui interprète les concertos de Gershwin comme seul un pianiste de jazz peut le faire, la pluie tape au carreau, je me sens, pour quelques heures, pleinement écrivaillon.

  • Sénile?

    Madame Le Pen a ,de nouveau, fort à faire : après des années de travail pour essayer de donner une respectabilité au Front National, dont elle tient désormais les rênes, son délicat papa,en quelques mots, vient de ruiner les efforts de sa fille.

    Constante de notre société, quand les parents déclinent, ce sont les enfants qui trinquent.

  • Rédaction

    Je devais être en cinquième. Le Français était ma matière la plus forte, je renâclais à la Mathématique, un camarade de l’époque, devenu depuis banquier, me le rappelle à chaque fin de mois.

     

    Je me voulais donc fort en lettres, sans vouloir verser, déjà, dans un classicisme qui m’apparaissait triste.

     

    Je ne me souviens plus du thème de la «  Rédaction » du jour, je me souviens seulement d’avoir attaqué l’ introduction par un :

     

    «  Bon, enfin, trèfle de plaisanterie, comme dirait un lapin dans un carré de luzerne……. »

     

    Je n’avais aucun vrai mérite à cette saillie, que j’avais piquée à Fernand Raynaud et que je trouvais désopilante, peut être seulement le mérite de l’inconscience de l’avoir placée au début de ma composition.

     

    Le Professeur de Français n’était pas un joyeux, loin s’en faut, il employait un ton sec et un vouvoiement qui nous glaçait. Comble de tout ça, sa fille, qui était dans notre classe, refusait fermement de nous dire s’il était comme ça dans la vie quotidienne.

     

    Toujours est il que, dans la marge réservée à la correction, à hauteur de ma courageuse boutade, le père Joly, avait annoté en rouge :

     

    «  Très spirituel !!!! ».

     

    Je n’ai jamais osé lui demander, la peur sans doute, ce qu’il avait réellement pensé de mon effort littéraire, j’ai eu 12 et demie

     

     

    ……. Mais il notait dur.