Peur du manque
J’ai toujours quelques billets d’avance, billets littéraires s’entend, il me semble important de le préciser, ne souhaitant pas être sollicité par quelque lecteur plus fauché que moi, ce qui relèverait d’un exploit……..
Quelques billets d’avance par peur du manque, manque d’inspiration, manque de temps, peur de ne pouvoir, un jour, nourrir quotidiennement mes Calamités. De nature peu jalouse, j’envie cependant de plus en plus les gens qui ne sont pas, ou plus, soumis à la dictature de l’heure.
J’ai, aujourd’hui, un peu de temps devant moi, je viens de ressortir le petit carnet de Moleskine qui me sert à compiler mes idées, mes bouts de mots, mes morceaux de phrase.
Le moment est venu pour moi, ce matin, de mettre en ordre ce petit fatras , de synthétiser tout cela, et puis, un texte en appelant un autre, l’inspiration venant, pourquoi ne pas ajouter quelques « gibiers » à mon tableau de chasse.
Je viens de faire chauffer l’eau pour préparer le délicat mais rude Tarry Souchong, 3 minutes d’infusion sinon c’est trop dur, j’ai allumé l’ordinateur, paramétré la luminosité de l’écran, j’ai glissé, dans la platine, Michel Camilo, qui interprète les concertos de Gershwin comme seul un pianiste de jazz peut le faire, la pluie tape au carreau, je me sens, pour quelques heures, pleinement écrivaillon.