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Ouvrir la page. Blanche. L’esprit un peu ailleurs, perturbé, des soucis qu’on n’attendait pas, l’esprit a du mal à divaguer, laisser courir, sans contrôler, les doigts sur les touches du clavier, ça ne vient pas……. Et puis Zut quoi !
……. Un lecteur me dit que je n’ai qu’à y mettre un poney ou un mouton. Que je sache, une tondeuse ne dépose pas de crottin où bon lui semble !
La tondeuse à gazon est le leurre des néo-ruraux : achetée neuve, et rouge pour peu que le nouveau propriétaire soit un peu cake, la « Ferrari de jardin », on a pris tant de plaisir à montrer au pote qu’elle démarrait au quart de tour. Le bolide de jardin, au fur et à mesure que la saison avance, devient vite un pensum . Que celui qui n’a jamais râlé derrière son autotractée me jette la première motte de gazon !
A 85 ans, la vieille dame développe un peu de diabète, c’est nouveau, ça arrive avec l’age, elle n’a jamais fait de gros excès, toujours fait attention à l’équilibre alimentaire……. Ce jour là, son petit fils lui rend visite, elle lui tend une enveloppe en kraft marqué du cachet de l’hôpital.
« Regarde, lui dit elle
A l’intérieur, quelques feuillets, les bons conseils alimentaires à une personne diabétique, le jeune homme lit, en écoutant sa grand-mère, amusé :
- Un régime pareil, tu te rends compte ? Si je le suis à la lettre, dans 3 mois je suis morte, lui dit elle avec son accent bourbonnais !
Il la rassure gentiment, c’est un document tout fait standard, envoyé à tous les malades, son taux de glycémie n’est pas si haut que ça, elle peut continuer, sans souci, à manger son choco de 10 heures, il rit, in petto, aux éclats…..
25ans plus tard, il reçoit, par mail cette fois ci, le même document, pour lui cette fois il se contente de sourire.
Hospitalisé, rien de grave, juste une analyse de sang qui révèle que les constantes s’emballent un peu, la quarantaine, vie sédentaire, horaires idiots, il va falloir songer à rééquilibrer tout ca, et c’est pour ça qu’il est là, Régime !
Première nuit, 2 heures du matin. Aujourd’hui, on lui a servi du pesé, de l’équilibré, du diététique, il y en a besoin. Deux heures du matin, réveillé gentiment par l’infirmière, petit examen, petite routine, du mal à se rendormir, il a faim, l’estomac résonne, comme un écho dans une tuyauterie vide. Son esprit divague et délire ; sur une scène imaginaire il voit des cochons de lait dansant le french cancan. Derrière eux, une rangée de canards rôtis entonnent la Marseillaise, c’est Disney, c’est Fantasia au pays des bouchers charcutiers traiteurs ; des branches de céleri alignées forment un rideau de fond de scène, des artichauts- fontaines soufflent des jets de béarnaise ,des gondoles de chocolat au lait naviguent sur des fleuves de jus d’orange transportant des enfants loukoums et un groupe d’anciennes sucettes, des « Pierrot Gourmand », sans sucres éliminés, sans édulcorants de synthèse. La musique du show est assurée par un orchestre de légumes secs, un pain d’épices anthropomorphe vient annoncer la suite, la troupe des Cotelettoss va nous présenter son numéro de voltige aérienne : plus costaud que se collègues agneaux, la côte de bœuf tient le rôle du porteur dans ce numéro de trapèze réalisé sans filet. Le bouquet final pleut sur le public épaté, fraises Tagada et rouleaux de réglisses, le spectacle s’achève, le rêve l’a emporté sur la réalité, il s’est endormi, le petit déjeuner est servi à 8 heures.