Dimanche 1
Le réveil n’a pas sonné ce matin, normal, nous sommes Dimanche, le jour se prête à la grasse matinée. Il ouvre les yeux le premier, se retourne vers elle, elle dort encore, c’est habituel, elle n’a jamais eu, elle n’aura jamais, le réveil facile. Quoiqu’il en râle, il a lui-même pris, au fil des années, goût à ces levers pianissimos. Au tout début d’eux deux, dès le premier son de clairon, le premier bip- bip du radio réveil, il sautait sous la douche, puis dans ses chaussures, prêt à partir, ayant avalé debout le thé, ou le café matinal, avalant en galopant un peu de matière solide pour éviter le coup de barre de 11h 00 qui, de toutes façons, viendrait.
Il partait parfois sans l’avoir réveillée, sans l’avoir embrassée, comme ça, par pure discrétion.
Ca l’avait chiffonnée, elle, ces départs silencieux, sans ces petits moments anodins, mais amoureux quand même ! Alors, petit à petit, il avait ralenti le rythme, s’était « adapté » à elle, laissé gentiment apprivoiser. Ce qui le mettait en colère, encore, c’était son impossibilité à être, elle, ponctuelle. Depuis le temps, il savait qu’il n’y pourrait plus rien, mais c’était plus fort que lui, ne pas être à l’heure, c’était d’une insolence inouïe, lui qui déclarait qu’il pourrait se fâcher avec la Terre entière pour faire un mot, il avait situé l’insolence ailleurs, dans ces retards systématiques.
La lumière du jour traversait les persiennes, c’était la lumière d’une journée ensoleillée, on irait, cet après midi, marcher dans les vignes, au flanc de la cote, avec un peu de courage, on irait peut être jusqu’à l’orée des bois, jouer à cache-cache parmi les quelques fayards autochtones et les douglas implantés plus récemment, la journée s’annonçait paisible.
Elle dormait toujours paisiblement, profondément. Il allait se lever, silencieusement, presque furtivement, lui préparer une orange pressée, un grand bol de ce Earl Grey qu’elle aimait tant, il lui amènerait tout ça sur un plateau, en ayant pris soin auparavant de se raser de frais, qu’elle ait un homme tout doux à embrasser, il allait se le ver quand……….
…………… Des voix dans la maison, on chuchote, des bruits discrets, on s’apostrophe, un peu, mais discrètement, ça ne rigole pas ça à l’air sérieux !!!!
Chuuuut ! Pelotonnons nous sous la couette, refermons les yeux. Dans quelques instants, pour être poli, on va gratter à la porte, l’ouvrir sans attendre la réponse, le thé sera trop fort, ou trop fade , trop sucré, ou trop peu mais ce n’est pas grave……… Les enfants nous apportent le petit déjeuner au lit.