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J'ai connu Claude il y a près de trente ans, on travaillait, on " intervenait " dans les mêmes lieux. J'étais bien plus jeune à l'époque, le personnage m'étonnait, me surprenait. Depuis ce temps, comme je fréquentais les rues qu'il arpentait sans cesse, on discutait, on plaisantait alors,quelques minutes, parfois autour d'un café, un certain sens du verbe nous unissait, quand il me laissait parler, Claude était très bavard. Claude est mort, il y a quelques jours, j'ai beaucoup de peine.
Dans la rue de Clermont, la pente est raide pour qui décide de quitter la ville par le sud.
Le vieil homme remonte le trottoir, poussant à la main son vieux vélo.
" Ce doit être plus facile dans l'autre sens, l'apostrophe un jeune homme assis sous l'abribus.
_ Pas vraiment, répond le grand père, s'asseyant à son tour sur le banc, après avoir appuyé son vieux clou contre le mur, pas vraiment, ça fait des années qu'on m'a posé deux prothèses de genoux, je ne peux donc plus faire de vélo, mais je le sors, comme ça, tous les jours, ça le fait rouler, et puis, ainsi, il ne prend pas la poussière au fond du cabanon, c'est mon vieux compagnon, mon animal à moi,alors, je le bichonne encore. "
Au moins dix ans de plus que Mozart à sa mort et se rendre compte qu'on a pas composé la moindre symphonie, même pas un concerto. Je ne dis pas que je n'ai pas fredonné un jour un petit: " ta tsoin ta tsoin ", de mon invention, mais ça ne fait pas la maille.
" Paraît que le copilote allemand avait un traitement tellement fort qu'il aurait pas pu conduire une mobylette. Moi, j'y aurais pas prété ma mobylette. "
Tendre l'oreille aux flashs infos de la radio, espérer dépister une histoire loufoque, j'ai l'impression que le premier avril perd de sa puissance.