Delerm et le Faussaire
Au cinéma avec la femme qu’on aime :
Au Départ, on ne l’avait pas prévu ça comme ça, au départ, on devait juste se retrouver ensemble après nos dures journées respectives. Au départ, on devait simplement aller dîner tranquillement chez le chinois du bas de la rue, un de ces derniers vrais restaurants asiatiques, où l’on ne vous propose pas (pas encore ?), de ces buffets à volonté, certes plus économiques mais qui manquent cruellement d’humanité, de service courtois, de l’intimité dont on a besoin, dont on a envie ce soir. Le dîner est fin, le service est discret, presque aussi discret que les tubes du moment, réadaptés en chinois, distillés doucement par la chaîne fi qui trône derrière le bar.
Elle a, comme c’est son habitude, bu un verre de jus d’orange en guise d’apéritif, il a quant à lui, opté pour du thé au jasmin, qui l’accompagnera pendant tout le repas, il a décliné l’apéritif maison, comme il fera l’impasse, tout à l’heure sur le dessert, la quarantaine passée et la vie sédentaire ont laissé des séquelles,et puis, il le sait bien ,lui, qu’il aime son regard à elle qui s’éclaire au moment du dessert, ce regard là, pour lui, c’est comme son petit bonheur sucré à elle.
Et puis, après les serviettes chaudes de la fin du repas, on s’est rendu compte qu’il était encore tôt, qu’on n’avait pas envie de terminer la soirée comme ça :
« Si on se faisait un ciné ? », propose t’il. L’idée l’enchante, elle est enthousiaste, on ne sait pas encore ce que l’on va voir mais quelle importance ?
Le plus important, en fait, c’est d’être encore ensemble, de se blottir l’un vers l’autre dans les confortables fauteuils du cinéma tout neuf, la tête sur son épaule, s’embrasser discrètement, presque chastement, se sentir bien l’un contre l’autre. On a choisi une comédie romantique dont on n’avait jamais, jusqu’ici entendu parler, quelques bonnes grosses plaisanteries, gentiment salaces, et le film traîne en longueurs, le rire tonitruant de la spectatrice du rang de devant y ajoute un comique inattendu.
On n’est pas allé jusqu’au bout du film, on s’est rendu compte, d’un regard complice, qu’on s’ennuyait un peu devant le presque navet, alors on s’est retrouvés ensemble sur l’avenue qui longe la gare, main dans la main, se murmurant des choses gentilles, l’air est doux, la soirée s’écoule, paisible, pourtant au Départ, on ne l’avait pas prévu ça comme ça…………..
Commentaires
Je viens de relire cette excellente histoire romantique et touchante, et cette fois j'ai versé une petite larme nostalgique.
Notre cher Maître serait-il amoureux ..... ?