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Lorsque je suis seul à la maison, mes premières paroles du matin sont bien souvent pour le chauffeur du bus qui me conduit au labeur. Je les prépare ces mots là, je les bichonne. Du coup, le chauffeur doit me trouver particulièrement aimable.
" Je sais bien qu'un jour je vais mourir, c'est normal. Avec la vie que j'ai menée, ce que j'ai bu, ce que j'ai fumé, ce sera violent, genre infarctus ou accident vasculaire. La seule chose que je voudrais pas, c'est que ça m'arrive dans un escalier. T'imagines ? Tu tombes, tu te fais une fracture et tu clamses. Et çà, je me fais pas à l'idée: mort ET blessé en même temps, ça ferait trop pour moi!"
Xavier était un copain qui nous amusait beaucoup: force de la nature, il nous bluffait par sa capacité à réaliser les exploits physiques les plus dingues sans difficulté, comme sans souci du danger. Il grimpait dans les arbres les plus hauts à la vitesse du plus habile des singes, escaladait des parois vertigineuses, sautait au travers des ravins les plus larges, entre autres exploits. Il avait gagné, parmi nous, le surnom de: " Trompe la Mort " qui semblait l'amuser beaucoup.
C'est lors d'une de nos très rares promenades en ville que nous découvrîmes le pot au roses: au travers des vitrines de la rue piétonnière, " Trompe la Mort " n'émettait aucun reflet, " Trompe la Mort " était un fantôme.
De nouveau, hier soir, relecture de " Jonathan Livingstone le goéland ", de Richard Bach. Pas la première fois que je vous en parle, me semble-t-il. Il va peut-être falloir vous y mettre.
Ça doit lui faire bizarre au gamin qui voit Belmondo, dont on lui a dit que c'était un immense acteur, se faire abattre sur la musique de Royal Canin.