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Discrétion

La démocratisation galopante des téléphones portables entraîne, depuis quelques années maintenant, une perte de nos intimités respectives pour peu que l'on décroche n'importe où, n'importe quand. 

J'étais assis, l'autre matin, sous un abribus de la ville. Sur le banc d'à côté se tenait une dame, un peu forte, qui attendait le 11. Du sac de la mémère, retentit alors une banale sonnerie de portable. Mémère décroche et se met à parler fort, les parois vitrées de l'abri provoquant un écho. Je suis toujours géné de rentrer malgré moi dans la vie d'inconnus inintéressants. Je suis rassuré cette fois ci, la conversation tourne autour d'un géranium qu'il faut aller arroser au cimetière du village. Je me sens rassuré, rien que de bien banal, rien d'un sordide quotidien qui ne me concerne pas. Quelques secondes de silence et la grosse vache répond à son interlocutrice: " Non, j'ai pas bien dormi, toute la nuit, j'ai eu la diarrhée !". Parfois, les autres me sont immondes. 

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