Le Héros
Le TGV descend aujourd'hui vers Montpellier. Prendre enfin quelques vacances, en décalé. Voiture loin d'être pleine, pas d'effervescence, de smartphone à l'oreille des passagers, peu d'ordinateurs sur les tablettes. Quelques instants d'un calme que j'avais oublié. J'attends avec impatience, comme lorsque j'étais môme, l'instant oú j'apercevrai la mer. Face à moi, le type, blouson de cuir sombre, se raconte. Il vient de terminer sa carrière dans l'armée de l'air, son passage de trois ans dans la prestigieuse Patrouille de France, il me décrit en détail les voltes et les loopings, les croisements d'avions kamikaze. Je ne me contente pas de l'écouter, je le questionne, je l'aiguillonne, je demande des détails, il me raconte les G négatifs, la tête sans cesse à l'envers. Je crois qu'il m'amuse, je me doute bien que tout est loin d'être vrai: tout à l'heure, en s'asseyant dans le train, il m'a demandé si nous pouvions intervertir nos places, il ne supporte pas de voyager dans le sens inverse de la marche.