Oscar Pilli
Oscar Pilli est un soldat, Oscar Pilli est capitaine. Il est affecté dans une unité médicale égarée quelque part dans le désert de Libye, pas très loin de Bengazi, car Oscar Pilli est chirurgien, Oscar Pilli fait partie de la prestigieuse armée du Duce pendant la seconde guerre mondiale
Tout médecin qu’il soit, Oscar est inquiétant, irascible, il humilie ses hommes, qui le jugent cinglé. Cinglé Oscar Pilli ? Certes, chaque matin, il accompagne le soleil dans son lever, certes, chaque matin, au beau milieu du désert, il est entièrement nu face à l’astre du jour, quant à y voir quelque chose d’anormal.
Oscar Pilli est kleptomane, Oscar Pilli est coprophage, Oscar Pilli fait l’amour avec les mouches, de là à en conclure qu’il est dément, c’est un pas que son commandant, le major Belucci ne saurait franchir.
Car ça l’arrange, le major, de jouer à l’aveugle. Il souhaite a tout prix être réaffecté en Italie, auprès de sa femme bien aimée, beaucoup plus jeune que lui, et plus qu’accro au sexe, belle aubaine pour un major libidineux !
Le seul officier qui peut le remplacer immédiatement, le major Belucci, c’est Oscar Pilli, pressé de partir Belucci, alors, la folie du Capitaine……..
Et Belucci s’en va, Oscar Pilli et sa folie prennent le pouvoir, humiliations au quotidien, violence, le sous lieutenant Luppi, psychiatre de son état, et les autres médecins du camp envoient un courrier anonyme à la commission médicale, il faut débarquer Oscar Pilli, le réformer. La visite de la commission est poignante, Oscar Pilli s’écroule littéralement, bouleversant, mais une fois encore, Oscar Pilli a des appuis, il sauve sa peau, bien malgré lui, encore…
Il faudra une mort, celle d’un soldat sur la table d’opération du chirurgien Oscar Pilli pour qu’il soit rendu à la vie civile, enfin .
Redevenu civil, Oscar Pilli s’étiole, on le retrouve dans un bordel libyen, amoureux de la mère maquerelle, qui l’adore également.
La mort d’ Oscar Pilli est à son image, rayonnante et désolante : réintégré, on ne sait comment, par quel subterfuge, par quel piston, dans l’armée, il est abattu, dans le dos par un « allié » allemand, lors d’une charge solitaire et héroïque, mais surtout désespérée, réel suicide ! Oscar Pilli est mort en héros, nous sommes en 1942.
Les cinéphiles auront reconnu « Le Fou de Guerre », de Dino Risi, sorti en 1985 et sélectionné cette année là au Festival de Cannes, je viens de revoir le DVD Hier. Film peu connu, pour moi pas assez reconnu, il raconte l’histoire d’ Oscar Pilli à travers le regard de Marcello Luppi, psychiatre militaire campé par l’excellent Beppe Grillo. Il est bon de se rappeler qu’avant de s’adonner au cinéma, Dino Risi fut lui-même médecin psychiatre. Dans ce film, il entraîne avec lui l’excellent Bernard Blier, en major Belucci, et l’excellent Coluche, terrible Oscar Pilli !
Quand on évoque Coluche et la tragédie, on s’arrête un peu vite sur le « Ciao Pantin », de Claude Berri. Dans « Le Fou de Guerre », également produit par Berri, Coluche est impressionnant, jouant ce fou cruel et désarmant ; la scène de la commission médicale, où Oscar Pilli s’effondre devant la photo d’un petit garçon, est déchirante. Coluche est mort un an après la sortie du « Fou de guerre », qu’aurait été la suite de sa carrière d’acteur, impossible de le savoir, le film de Dino Risi est à mon avis, trop méconnu, presque ignoré, à voir, absolument……..